Vous avez probablement déjà assisté à des rencontres sportives où un joueur ou encore une équipe qui tirait de l’arrière dans un match, et qui semblait devoir perdre, se relevait et, contre toute attente, renversait la vapeur et remportait la victoire. Cette situation n’arrive pas seulement lors de compétitions internationales, elle peut arriver à n’importe qui, n’importe quand.
Je me souviens d’une compétition jeunes, moins de 13 ans, où une de mes élèves avait perdu tous ses combats en tour de poule. Elle terminait en dernière place et devait affronter, en élimination directe, la fille qui avait gagné tous ses combats. Je ne donnais pas cher de sa peau. À ma grande surprise, elle gagna ce match et les trois suivants, pour enlever la médaille d’or. Il ne faut jamais croire que c’est fini, mais surtout, qu’on est fini.
Permettez-moi de continuer en vous racontant ce qui m’est arrivé lors de la compétition AAA du 20 octobre 2007.
C’était la première compétition de l’année à laquelle notre club participait. J’y arrivais avec quatre autres épéistes qui faisaient l’expérience de leur première compétition. Juste avant le début, un incident technique avec un de mes jeunes escrimeurs m’empêcha de me préparer comme j’en avais l’habitude. Pour faire une histoire courte, nous avons dû quitter le site de compétition, et arpenter les rues avoisinantes pour trouver une couturière qui pouvait réparer rapidement une pièce d’équipement. À notre retour, près de deux heures plus tard, le premier tour de poule se préparait et nous avons dû nous présenter rapidement en piste.
Il y avait 49 épéistes à cette compétition. Je suis tombé dans une poule de 7 tireurs. Comme je n’étais pas qualifié, car c’était ma première compétition depuis trois ans, je me suis retrouvé en milieu de poule, à la position 4; j’effectuais le premier combat de la poule, en rencontrant le numéro 1. Je me suis rapidement échauffé sur la piste et j’ai débuté le combat que j’ai perdu 5 à 1. Je me suis dit que je venais de rencontrer le meilleur tireur de la poule et que je n’avais pas encore pris ma vitesse de croisière. Je ferais probablement mieux lors de mes prochains combats.
Je gagnai le deuxième par la peau des dents au compte de 5 à 4. Cela me donna espoir, j’étais certain que j’allais m’améliorer dans les prochains combats. La réalité me rattrapa, au contraire.
Je perdis mon troisième combat 5 à 3, et je connus le même résultat pour mon quatrième. Le cinquième combat m’échappa par une touche (5-4) et je me fis ramasser lors du dernier, 5 à 2.
Résultat pour ce premier tour : une victoire, cinq défaites.
À la fin du premier tour de poule, je me retrouvais 42e sur 49. Tous mes élèves me surpassaient. Très dur pour l’Égo!
Je me suis dit que j’allais aller chercher une meilleure position lors du 2e tour de poule, et que je devais oublier ces résultats.
Pour ce deuxième tour de poule, je me suis retrouvé dans un groupe de six tireurs.
Je gagnai mon premier combat 5-4 et perdit le second 5-3. Si je voulais grimper dans le classement, je devais gagner avec une grande différence de points ou perdre avec un score très serré. Ces deux combats ne m’aidaient pas trop.
Je gagnai le troisième assaut 5 à 1, perdis le suivant 5-4 ainsi que le dernier 5-2. Résultat pour ce tour, 2 victoires, 3 défaites. Pas très reluisant.
Au classement de l’élimination directe, je me retrouvais à la 40e place sur 49. Tous les membres du club, sauf un qui avait eu des problèmes avec son arme, se retrouvaient devant moi.
Au premier tour de l’élimination directe, je devais rencontrer l’épéiste se trouvant au 25e rang. Comme je n’avais pas été sur le circuit au cours des derniers mois, son nom ne me disait rien.
Je savais que ce combat ne serait pas facile et que toutes les statistiques étaient contre moi. De plus, ce n’est qu’une fois en piste que je remarquai qu’il était gaucher. Cela aurait pu lui donner un avantage. J’entrepris le combat sereinement, sans pression, me disant que j’allais donner mon meilleur pour, au moins, montrer à mes élèves qu’il faut entreprendre tous ses combats en se disant que la victoire est possible.
À la grande surprise de mon adversaire, je gagnai le combat 15 à 13.
17 compétiteurs étaient tombés, mais je n’étais pas du nombre.
Deuxième tour d’élimination, je rencontre le tireur placé au 8e rang.
C’est un jeune escrimeur plein d’énergie qui se déplace rapidement et rompt à toute vitesse. Dès le départ, je sais que je ne pourrai rivaliser avec lui pour les déplacements et la vitesse; il a 30 ans de moins que moi! J’axe donc ma stratégie de combat sur mon expérience. Je vais lui tendre des pièges.
Le combat est serré. Je suis sur la défensive, jusqu’au moment où il commet une erreur, en créant une ouverture où je m’engage en fente pour le toucher en pleine poitrine. Il semble alors se dégonfler comme une outre; à ce moment, j’ai su que le combat était dans la poche. J’engrange une seconde victoire, 15-13.
Troisième tour. Je vais affronter l’épéiste qui s’est classé au 9e rang. Il a gagné tous ses combats d’ÉD avec une bonne marge de différence, et il est un aguerri des compétitions nationales. Il est un peu plus jeune que moi et c’est un fin renard. Première touche qu’il me porte, touche à la main juste sous la coquille. C’est alors que je me dis: « Y’en aura pas de facile! » Finalement, je perds ce match 15 à 9.
À la sortie de la compétition, je me retrouve à la 16e place, la meilleure de notre délégation.
Morale de cette histoire, ne vous avouez jamais vaincu. Peu importe comment se déroule le combat, conservez votre calme et tentez de comprendre ce qui se passe. Analysez les attaques et la défense de votre adversaire, adaptez-vous.
Le même conseil s’applique lorsque vous menez un combat. Rien n’est terminé avant que la dernière touche ne soit donnée ou que le temps soit passé. En escrime, beaucoup de touches peuvent être effectuées en quelques secondes.
L’escrime est un sport fantastique, qui va vous permettre de vous découvrir des forces de caractère insoupçonnées. Un combat d’escrime, c’est en premier dans la tête que ça se déroule; gardez donc toujours la tête froide.
Et n’oubliez pas, comme le disait Yogi Berra (gérant des Yankees de New-York), « c’est pas fini tant que c’est pas fini! »
Au plaisir de croiser le fer!
Ghislain Lalonde
Entraîneur au club d’escrime Sher-Lames
Ce contenu a été élaboré par le club d’escrime Sher-Lames et peut être utilisé en citant son origine, été 2019.
Je me souviens d’une compétition jeunes, moins de 13 ans, où une de mes élèves avait perdu tous ses combats en tour de poule. Elle terminait en dernière place et devait affronter, en élimination directe, la fille qui avait gagné tous ses combats. Je ne donnais pas cher de sa peau. À ma grande surprise, elle gagna ce match et les trois suivants, pour enlever la médaille d’or. Il ne faut jamais croire que c’est fini, mais surtout, qu’on est fini.
Permettez-moi de continuer en vous racontant ce qui m’est arrivé lors de la compétition AAA du 20 octobre 2007.
C’était la première compétition de l’année à laquelle notre club participait. J’y arrivais avec quatre autres épéistes qui faisaient l’expérience de leur première compétition. Juste avant le début, un incident technique avec un de mes jeunes escrimeurs m’empêcha de me préparer comme j’en avais l’habitude. Pour faire une histoire courte, nous avons dû quitter le site de compétition, et arpenter les rues avoisinantes pour trouver une couturière qui pouvait réparer rapidement une pièce d’équipement. À notre retour, près de deux heures plus tard, le premier tour de poule se préparait et nous avons dû nous présenter rapidement en piste.
Il y avait 49 épéistes à cette compétition. Je suis tombé dans une poule de 7 tireurs. Comme je n’étais pas qualifié, car c’était ma première compétition depuis trois ans, je me suis retrouvé en milieu de poule, à la position 4; j’effectuais le premier combat de la poule, en rencontrant le numéro 1. Je me suis rapidement échauffé sur la piste et j’ai débuté le combat que j’ai perdu 5 à 1. Je me suis dit que je venais de rencontrer le meilleur tireur de la poule et que je n’avais pas encore pris ma vitesse de croisière. Je ferais probablement mieux lors de mes prochains combats.
Je gagnai le deuxième par la peau des dents au compte de 5 à 4. Cela me donna espoir, j’étais certain que j’allais m’améliorer dans les prochains combats. La réalité me rattrapa, au contraire.
Je perdis mon troisième combat 5 à 3, et je connus le même résultat pour mon quatrième. Le cinquième combat m’échappa par une touche (5-4) et je me fis ramasser lors du dernier, 5 à 2.
Résultat pour ce premier tour : une victoire, cinq défaites.
À la fin du premier tour de poule, je me retrouvais 42e sur 49. Tous mes élèves me surpassaient. Très dur pour l’Égo!
Je me suis dit que j’allais aller chercher une meilleure position lors du 2e tour de poule, et que je devais oublier ces résultats.
Pour ce deuxième tour de poule, je me suis retrouvé dans un groupe de six tireurs.
Je gagnai mon premier combat 5-4 et perdit le second 5-3. Si je voulais grimper dans le classement, je devais gagner avec une grande différence de points ou perdre avec un score très serré. Ces deux combats ne m’aidaient pas trop.
Je gagnai le troisième assaut 5 à 1, perdis le suivant 5-4 ainsi que le dernier 5-2. Résultat pour ce tour, 2 victoires, 3 défaites. Pas très reluisant.
Au classement de l’élimination directe, je me retrouvais à la 40e place sur 49. Tous les membres du club, sauf un qui avait eu des problèmes avec son arme, se retrouvaient devant moi.
Au premier tour de l’élimination directe, je devais rencontrer l’épéiste se trouvant au 25e rang. Comme je n’avais pas été sur le circuit au cours des derniers mois, son nom ne me disait rien.
Je savais que ce combat ne serait pas facile et que toutes les statistiques étaient contre moi. De plus, ce n’est qu’une fois en piste que je remarquai qu’il était gaucher. Cela aurait pu lui donner un avantage. J’entrepris le combat sereinement, sans pression, me disant que j’allais donner mon meilleur pour, au moins, montrer à mes élèves qu’il faut entreprendre tous ses combats en se disant que la victoire est possible.
À la grande surprise de mon adversaire, je gagnai le combat 15 à 13.
17 compétiteurs étaient tombés, mais je n’étais pas du nombre.
Deuxième tour d’élimination, je rencontre le tireur placé au 8e rang.
C’est un jeune escrimeur plein d’énergie qui se déplace rapidement et rompt à toute vitesse. Dès le départ, je sais que je ne pourrai rivaliser avec lui pour les déplacements et la vitesse; il a 30 ans de moins que moi! J’axe donc ma stratégie de combat sur mon expérience. Je vais lui tendre des pièges.
Le combat est serré. Je suis sur la défensive, jusqu’au moment où il commet une erreur, en créant une ouverture où je m’engage en fente pour le toucher en pleine poitrine. Il semble alors se dégonfler comme une outre; à ce moment, j’ai su que le combat était dans la poche. J’engrange une seconde victoire, 15-13.
Troisième tour. Je vais affronter l’épéiste qui s’est classé au 9e rang. Il a gagné tous ses combats d’ÉD avec une bonne marge de différence, et il est un aguerri des compétitions nationales. Il est un peu plus jeune que moi et c’est un fin renard. Première touche qu’il me porte, touche à la main juste sous la coquille. C’est alors que je me dis: « Y’en aura pas de facile! » Finalement, je perds ce match 15 à 9.
À la sortie de la compétition, je me retrouve à la 16e place, la meilleure de notre délégation.
Morale de cette histoire, ne vous avouez jamais vaincu. Peu importe comment se déroule le combat, conservez votre calme et tentez de comprendre ce qui se passe. Analysez les attaques et la défense de votre adversaire, adaptez-vous.
Le même conseil s’applique lorsque vous menez un combat. Rien n’est terminé avant que la dernière touche ne soit donnée ou que le temps soit passé. En escrime, beaucoup de touches peuvent être effectuées en quelques secondes.
L’escrime est un sport fantastique, qui va vous permettre de vous découvrir des forces de caractère insoupçonnées. Un combat d’escrime, c’est en premier dans la tête que ça se déroule; gardez donc toujours la tête froide.
Et n’oubliez pas, comme le disait Yogi Berra (gérant des Yankees de New-York), « c’est pas fini tant que c’est pas fini! »
Au plaisir de croiser le fer!
Ghislain Lalonde
Entraîneur au club d’escrime Sher-Lames
Ce contenu a été élaboré par le club d’escrime Sher-Lames et peut être utilisé en citant son origine, été 2019.